François et Antoinette Dilasser font la connaissance de Jean-Pierre Abraham en 1992. Une amitié va naître, faite de beaucoup d’échanges, jusqu’au décès de Jean-Pierre en juillet 2003.
Jean-Pierre fera visiter à François et Antoinette le Scarweather, bateau-feu mouillé dans le Port-musée de Douarnenez.
À partir de ce moment-là, dans la peinture de FD, les « têtes marine » vont devenir « bateaux-feux ».
Les extraits de texte qui suivent sont tirés de la « Lettre à François Dilasser » publiée par Le Temps qu’il Fait en hommage à Jean-Pierre Abraham en décembre 2003.
Ce texte avait tout d’abord été publié sous le titre « À bord du Scarweather, dimanche des Rameaux » dans le catalogue François Dilasser édité par le Château de Ratilly (Centre d’Art Contemporain, Treigny, Yonne) à l’occasion d’une exposition qui s’y est tenue de juin à septembre 1992.
" J’aimerais vous faire visiter mon bateau, je crois qu’il vous intéresserait. J’aimerais voir votre regard dans ce fantastique endroit qu’est le puits aux chaînes, très enfoui, noir et luisant, où gisent d’énormes maillons en attente, on est tout au fond du bateau et l’on entend l’eau claquer contre la coque métallique. J’aimerais vous montrer la salle des machines, où les pas résonnent, majestueuse comme une église avec tous ces tuyaux en guise de piliers. Je vous expliquerais que ce bateau, qui était mouillé jadis devant les bancs de sable dans le canal de Bristol, au large de Swansea, ne possédait aucun moyen de propulsion propre (vous êtes bien ancré à Lesneven !), que tous ces moteurs, hormis celui de la sirène de brume, ne servaient qu’à fabriquer de la lumière. Et puis je vous montrerais la cabine du capitaine, avec ses jolis meubles bien anglais et sa moquette d’un rouge sombre, et je vous offrirais un whisky.
Aucun rapport avec la peinture. Bien que certains qualificatifs que j’emploie au sujet de ce bateau pourraient y faire référence d’une certaine façon. Je crois bien, par exemple, que votre peinture est dénuée de tout confort ; et désarmée ; qu’elle comporte des lieux sauvages ; mais qu’elle est aussi secourable et que j’y campe sans avoir froid. "
Jean-Pierre Abraham, écrivain (1936 – 2003)